
Après l’avoir attendue, après l’avoir réclamée, nous sommes donc contraints d’abandonner la classification. FO, la CGT et le SNU ont fait usage de leur droit d’opposition, tuant dans l’œuf une classification que nous n’aurons donc jamais obtenue. Pour rappel, CGT et SNU n’avaient pas signé la CCN qu’ils défendent aujourd’hui…
Comme l’Unsa l’a déjà dit, cette classification comportait quelques points positifs par rapport à l’existant, nous faisant clairement opter pour. Le problème de l’Unsa (et des autres organisations favorables à la classification), c’est qu’elle prend ses décisions en s’appuyant sur le réel, et non sur ses fantasmes.
* Dans le monde réel, une classification qui fixe par écrit la progression annuelle minimale de la masse salariale à 0,8%, c’est mieux que rien. C’est en tout cas mieux que l’existant.
* Dans le monde réel, une classification qui permet aux agents de dérouler leur carrière sur une large amplitude, c’est mieux que rien. C’est en tout cas mieux que l’existant.
* Dans le monde réel, une classification qui accélère l’évolution en début de carrière, c’est mieux que rien. C’est en tout cas mieux que l’existant.
* Dans le monde réel, des niveaux de recrutement supérieurs pour les conseillers et les chargés de relation entreprise, c’est mieux que rien. C’est en tout cas mieux que l’existant.
* Dans le monde réel, des REP pouvant devenir cadres en tant que REP, des Conseillers pouvant devenir Agents de maîtrise sans avoir à gérer une équipe, c’est mieux que rien. C’est en tout cas mieux que l’existant.
* Dans le monde réel, un engagement à ouvrir une concertation sur l’évolution des emplois relevant du statut public, c’est mieux que rien. C’est en tout cas mieux que l’existant.
Après avoir fait exploser l’accord séniors, l’accord sur les risques psycho-sociaux (RPS), après avoir refusé 30 millions de primes en 2013, et rappelons-le, sans jamais rien obtenir d’autre en compensation, les organisations syndicales « refusistes » viennent de priver tous les agents d’une possibilité d’améliorer concrètement les choses, ici et maintenant.
Espérons que chacun saura s’en souvenir…
Dans La force majeure, le philosophe Clément Rosset évoque les mécanismes de l’illusion devant le réel, qui touche ceux qui s’appuient « non plus sur le goût de vivre la vie que l'on vit, mais sur l'attrait d'une vie autre et améliorée que nul ne vivra jamais ». On croirait qu’il a pris son inspiration en observant la vie syndicale à Pôle emploi…
Un des principes de l’action syndicale est d’abord de s’appuyer sur le réel. Notre ambition est de l’améliorer, non d’y substituer un idéal formidable qu’on n’a de toute façon pas les moyens d’obtenir. Cela s’appelle le rapport de forces, et rien n’est pire que de l’envisager sans une claire lucidité de celles dont on dispose.